L’histoire de Juan de Nova

1501 : Découverte de l’île
L’île est découverte en 1501 lors de la traversée du canal du Mozambique par le capitaine portugais João da Nova qui commande la troisième expédition portugaise vers l’Inde. Il la nomme Galega ou Agalega (la Galicienne) en référence à sa nationalité. L’île changera ensuite de nom : Johan de Nova sur la carte de Pilestrima (1519), Joa de Nova (Mercator, 1569), San-Christophoro (Ortelius, 1570), Saint-Christophe (Lislet Geoffroy). Elle recevra son appellation définitive par William Fitzwilliam Owen qui la nomme Juan de Nova. Elle semble avoir été parfois confondue avec l’île Bassas da India2 (qui peut être submergée à marée haute)

Bien que située sur la route des épices, l’île ne présente alors aucun intérêt pour les puissances coloniales en raison de sa taille très réduite et de l’absence d’atouts en termes d’escale. Il est cependant probable qu’elle ait pu servir de refuge pour des pirates comme Olivier Le Vasseur surnommé La Buse.

1896-1897 : Acquisition par la France
En l’absence de présence étrangère permanente, l’empire colonial français rattache l’île ainsi que celle d’Europa et de Bassas da India par la loi du 6 août 1896 avant d’être officiellement sous souveraineté française par la mise en place du pavillon à la suite de l’acte du 31 décembre 1897.

1923-1975 : Exploitation des ressources
À cette époque, seuls des pêcheurs malgaches évoluent sur l’île lors de la ponte des tortues marines mais vers 1900, la location de l’île est accordée à un Français pour un bail de 20 ans. L’exploitation du guano et des phosphates de l’île débute et la production atteint 53 000 tonnes en 1923 tandis que la cocoteraie produit 12 tonnes de coprah par an. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’ensemble des installations sont détruites afin qu’elles ne soient pas utilisées par l’ennemi et l’île sert peut-être de refuge pour les sous-marins allemands. L’activité reprendra quelques années après la guerre.

Une seconde concession est ensuite accordée le 10 mars 1952 pour une durée de 15 ans à la société SOFIM (Société française des îles Malgaches), présidée par Hector Patureau, frère de Maurice Patureau (Compagnon de la Libération). Elle sera reconduite pour 25 ans le 15 juin 1960 après l’indépendance de Madagascar. L’exploitation du phosphate prend alors de l’importance et de nombreux bâtiments sont construits dont une maison appelé Résidence, deux pavillons Coin de France et l’Assistant Administrateur, des hangars de stockage du phosphate et du guano, une usine de concassage, des entrepôts, des ateliers, un lavoir, les logements des ouvriers, une installation électrique fournissant l’électricité et l’eau courante. Une prison est aussi construite tandis que le cimetière est implanté au milieu des filaos. Enfin des wagonnets sur rail Decauville assurent le transport des marchandises jusqu’au wharf d’embarquement.

Les ouvriers proviennent essentiellement de l’île Maurice et des Seychelles. Les conditions de travail sont extrêmement rudes et chaque ouvrier doit extraire une tonne de phosphate par jour pour gagner 3,5 roupies. Toute marchandise s’achète à l’entrepôt et chaque manquement aux règles est puni par flagellation voire emprisonnement. Les bagarres sont fréquentes mais en septembre 1968, une révolte initiée par des Mauriciens oblige les responsables de l’exploitation à demander l’intervention des forces de l’ordre à Jean Vaudeville, préfet de La Réunion. Cet incident va conduire la Préfecture ainsi que les médias et la presse réunionnaise et métropolitaine à s’intéresser aux activités et aux mœurs douteuses (droit de cuissage pratiqué par l’un des contremaitres). Cela obligera le président de la SOFIM à se séparer d’une partie de son personnel.

Bien que l’exportation de la production s’effectue par bateau, une piste d’aviation est construite en 1934 à destination des concessionnaires de la SOFIM. Auparavant le 8 décembre 1929, un Farman 190 piloté par le sergent-chef Jean-Michel Bourgeois atterrit d’urgence sur l’île à la suite d’une fuite d’essence. L’avion était parti de l’aérodrome d’Ivato (Madagascar) à destination de Quelimane (Mozambique). Trois jours plus tard, les deux autres passagers (le capitaine Marcel Goulette et l’adjudant-chef René Marchesseau) embarquent à bord du paquebot Marechal Gallieni tandis que Bourgeois séjourne deux mois sur l’île le temps d’aménager une piste de fortune d’où il décollera le 1er février 1930 pour Tananarive. Un panneau au bout de l’actuelle piste rappelle l’événement. Plus tard, un second atterrissage est effectué par Maryse Hilsz, accompagnée de Maurice Dronne, le 9 avril 1932 avec un F291 qui redécolla quelques jours plus tard, son moteur changé.

Au cours des années 1960, le cours du phosphate s’effondre et l’exploitation cesse d’être rentable. La SOFIM est finalement dissoute en 1968 et les derniers ouvriers quittent l’île en 1975. L’État français reprend alors la concession et verse une indemnité de 45 millions CFA à Hector Patureau pour les installations et le matériel.

1971-1973 : Installation d’une station météo
En 1963, une installation météorologique auxiliaire, appelée la Goulette, est installée afin d’effectuer des relevés réguliers de températures et de pressions. Mais lors de son passage sur l’île en 1971, le représentant du Service Météo constate de nombreuses irrégularités dans les relevés ainsi qu’un très mauvais gardiennage de l’île qui sont alors sous la responsabilité de Puteau. Suivant les recommandations de la Veille météorologique mondiale, une station météo de base, à service permanent est donc construite en 1973 au Sud-Ouest de l’île, en bout de piste.

1974 – Aujourd’hui : installation militaire
En 1974, l’État français décide de l’installation de détachements militaires sur les îles Éparses de l’océan Indien qu’il possède dans le canal (Juan de Nova, Europa et îles Glorieuses) afin, entre autres, de répondre aux revendications territoriales de Madagascar sur ces trois territoires qui se caractérisent par une zone économique exclusive considérable. L’île abrite une petite garnison de 14 militaires du 2e RPIMa de Pierrefonds et un gendarme. Ils se sont installés dans le logement des ouvriers de la SOFIM qui est devenu le camp SEGA3. Le détachement militaire est ravitaillé par un Transall C-160 de l’ETOM 50 (armée de l’Air) depuis la BA 181 tous les 45 jours. La piste d’atterrissage 10/28 (FMZJ selon la nomenclature OACI), longue de 1 300 m, est la structure de l’île la plus visible depuis le ciel. Elle est constituée de sable comprimé et de ciment et recouverte de bitume puis de sable pour limiter l’impact du soleil sur le bitume.

De nos jours, l’ensemble des installations est en ruines et seuls quelques bâtiments sont encore entretenus à l’usage des militaires ainsi que le cimetière. Convertie en une réserve naturelle qui contribue à la politique nationale de protection de la biodiversité et en particulier des récifs coralliens4, l’île est interdite d’accès ; seuls des scientifiques (naturalistes, archéologues…) sont autorisés à venir dans le cadre de missions temporaires.

Une entité DXCC partagé avec Europa…

Juan de Nova a été ajoutée à la liste des pays DX Century Club (DXCC) le 25 juin 1960 et compte, avec l’ile d’Europa, pour la même entité. La première activité enregistrée est celle de FB8BI/J en 1960.

Depuis cette époque, peu d’expédition de grande envergure n’ont été autorisées et nous mesurons la chance qu’il nous est donnée. Les activités radioamateur étaient conduites principalement par le personnel de Météo-France à l’occasion de missions professionnelles. La dernière opération majeure comptant pour ce DXCC, mais depuis l’île d’Europa, menée sous l’indicatif TO4E et TO4WW a réalisé 34000 contacts en 2003.

Liste non exhaustive des activités enregistrées depuis Juan de Nova :

  • FB8BI / J 1960
  • FR7ZC / J 1963
  • FR7ZU / J 1974
  • FR7ZL / J 1974 + 1975
  • FR7AI / J 1975 + 1981 + 1982
  • FR0DZ / J , FR0RX / J et FR0CIW / J 1980
  • FR0FLO / J et FR7BP / J 1981
  • FR0GGL / J 1982
  • FR5ES / J 1987
  • FR0EH / J 1988
  • FR4FA / J 1988
  • FR5AI / J 1990 + 1991
  • FR5ZQ / J 1992 + 1993 + 1994 + 1997
  • FR5DT / J 1996 + 1997
  • FR5KH / J 1997
  • FR5ZU / J 1997

Europa (dernière activité majeure):

  • TO4E et TO4WW 2003 (par F5CW, F5NHJ, F5PTM, F5JJK , F5IRO – 34000 QSO)
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